La dépréciation de la monnaie, outil pour la croissance
La Grande-Bretagne a été un des pays d’Europe qui a le plus souffert de la crise, enregistrant pas moins de six trimestres consécutifs de baisse de son PIB et un recul annuel de 5% en 2009. Seule l’Allemagne a fait pire l’an dernier, du fait de l’effondrement de ses exportations (et oui, l’Allemagne, dont on nous vante tant le modèle, a enregistré la plus forte récession de la zone euro en 2009…). Il faut dire que le poids du secteur financier y est plus important qu’ailleurs.
Mais Londres a eu la grande intelligence de laisser filer sciemment la valeur de sa monnaie, la livre, qui est passée de 1,45 euros environ jusqu’à mi-2007 à seulement 1,05 euros début 2009, soit une dépréciation de 30% en seulement 18 mois, avant de remonter autour de 1,2 euros depuis quelques semaines. Cette baisse de la monnaie britannique explique sans aucun doute la bonne performance de l’économie britannique en ce début d’année.
La démonstration des limites de la monnaie unique
En effet, il est surprenant que la croissance reprenne beaucoup plus vite au Royaume-Uni que dans la zone euro, alors que l’économie britannique a subi une plus forte baisse du marché immobilier et des faillites en cascade dans son secteur bancaire. Mais la forte dépréciation de la livre a permis de nettement améliorer les termes de l’échange pour notre voisin d’outre manche, favorisant ses exportations et freinant les importations, notamment avec la zone euro…
A contrario, cela montre toutes les limites d’une monnaie unique qui ne permet pas de tels ajustements. Nul doute que la Grèce se porterait beaucoup mieux si elle avait la possibilité de faire baisser la valeur de sa monnaie parallèlement au plan de rigueur. Aujourd’hui, l’euro impose aux pays européens un cocktail désastreux d’austérité budgétaire et de monnaie trop chère. Sans l’euro, nous pourrions au moins compenser en partie avec une monnaie meilleur marché.
La Grande-Bretagne, comme les Etats-Unis auparavant, ont bien compris l’intérêt de jouer avec la valeur de sa monnaie. Aujourd’hui, il n’y a que les tenants de l’Europe de Lisbonne pour se réjouir d’une remontée de l’euro qui pénalise une fois de plus l’économie productive de la zone, et donc l’emploi.
Laurent Pinsolle